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Bien qu’il soit très difficile d’obtenir des chiffres sur les faux diplômes, CV ou profils sur les réseaux professionnels, certains éléments doivent néanmoins amener à une réelle prise de conscience de la part des entreprises, des étudiants, des écoles et des universités.

Article du magazine 01BUISNESS, écrit par MATHIE DESTRIAN

« Une forte demande

Les difficultés pour trouver un emploi et les coûts de plus en plus élevés des formations constituent, pour certains, une bulle. Surtout aux Etats-Unis, où les étudiants s’endettent massivement pour financer leurs études (voir cet article, de USNews). Ce contexte est très favorable pour les faussaires et n’est pas l’apanage des Américains. En France aussi, le coût des formations est en augmentation.
Il suffit de quelques secondes sur Internet pour se rendre compte de la très forte demande en faux diplômes! Et qui dit forte demande dit offre…

Des outils mal adaptés et rendant très facile le mensonge

Sans aller jusqu’aux faussaires professionnels, comme le site chinois www.france163.com sur lequel il était possible d’acheter un diplôme pour 122 euros, il est très facile de déformer son profil en ligne sur Viadeo ou sur Linkedin. Sans parler des recommandations qui n’ont aucun sens puisque l’identité de celui qui recommande n’est pas vérifiée et les candidats ne demandent que les bons avis…
Bien qu’il existe quelques outils de vérification de diplômes, ils sont mal adaptés aux évolutions de ce qui fait un parcours de formation. Le diplôme perd de l’importance et laisse place à l’expérience professionnelle et aux travaux de groupe. Et là, il n’existe aucun système prêt à certifier les données professionnelles ou académiques.

Peu de risques en cas de découverte de la tromperie

Sauf dans de rares cas, comme la médiatique affaire des faux diplômes de l’université de Toulon, les risques encourus sont très faibles aussi bien pour les faussaires que pour les bénéficiaires.
Le droit du travail en France reconnaît d’ailleurs que mentir sur son CV ou produire un faux diplôme n’est pas une cause de licenciement immédiat pour faute grave. Voir notamment la jurisprudence du 9 février 1999, précisant que cela « ne constitue une faute susceptible de justifier le licenciement que s’il est avéré que le salarié n’avait pas les compétences effectives pour exercer les fonctions pour lesquelles il a été recruté ».
Il est d’ailleurs de la responsabilité de l’entreprise de vérifier les informations fournies par le candidat…

La fraude à tous les niveaux

L’affaire du faux diplôme du PDG de Yahoo qui avait prétendu détenir un diplôme d’ingénieur illustre que la tromperie est à tous les niveaux, même à la tête de grandes entreprises et sur des postes à responsabilité.
Les entreprises ont plus que jamais un réel challenge devant elles, et des choix difficiles à faire, en évitant à la fois paranoïa et trop grande naïveté. Faut-il traquer les cadres ayant produit de faux diplômes ou se concentrer sur les nouveaux recrutements?

Un risque technique et financier pour les entreprises

Intégrer dans son équipe un candidat ayant menti sur son CV ou ses diplômes n’est pas anodin, les conséquences sont multiples: inadéquation du poste avec les compétences du salarié qui conduit potentiellement à un licenciement coûteux, réalisations posant des problèmes ou des difficultés dans un futur plus ou moins proche, engagement de la responsabilité de l’entreprise en cas d’intervention chez un client, etc…

Une atteinte à l’image et une perte financière pour les écoles et les universités et in fine pour les diplômés eux-mêmes

Qui est le perdant dans tout cela? Bien évidemment, et en premièr lieu, les universités et les écoles, mais pas uniquement! Un jeune diplômé qui s’endette pour financer ses études et obtenir un Master subit une concurrence déloyale de candidats ayant falsifié leur CV ou acheté leurs diplômes…

Chaîne de confiance et analogie avec le paiement dans les années 2000

La ressemblance avec l’histoire du paiement sur Internet est assez frappante. Au début d’internet, l’e-commerce (c’est-à-dire les pratiques commerciales sur internet) ne décollait pas et restait cantonné à l’aventure audacieuse de quelques-uns. Il aura fallu la sécurisation technique et juridique des paiements pour créer une chaîne de confiance et pour que l’e-commerce explose.
Nous en sommes au même point concernant les pratiques sociales et collaboratives. Tant qu’il n’y aura pas de confiance entre les acteurs (et cela commence par savoir qui on a en face de soi), les pratiques resteront au niveau de ce qu’elles sont maintenant, autrement dit pas grand-chose, et les entreprises seront de plus en plus méfiantes et échaudées par des détournements de la part de faussaires ou de candidats indélicats, sans même, évidemment, parler de la revente des données à travers l’utilisation de solutions gratuites… »